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Alors que nous souffrons déjà tous les jours de la dégradation de nos conditions de travail en raison des suppressions massives de postes depuis plusieurs années et de prétendues « réformes » décidées à l’emporte-pièce et imposées sans concertation et ignorant les oppositions exprimées par les personnels et leurs représentants, alors que le projet de loi de finance 2012 prévoit de nouvelles coupes drastiques, alors que le gel du traitement des fonctionnaires et l’absence de revalorisation de nos métiers nous paupérisent de plus en plus, alors que nos jeunes collègues doivent entrer dans le métier sans formation, alors que le ministère, sous couvert de « rythmes scolaires » envisage d’accroître sans compensation notre temps et notre charge de travail, alors que les agressions contre l’école et les personnels sont toutes renvoyées au niveau local pour leur mise en œuvre, le ministre de l’éducation nationale prétend transformer radicalement le processus d’évaluation et la carrière des enseignants, en les plaçant sous la seule responsabilité des chefs d’établissements.
Hold-up sur les promotions 2012 - 2015
C’est l’aspect le plus immédiat de ce projet qui devrait être mis en place dès le premier septembre 2012 : l’avancement devrait désormais se faire selon un seul rythme, le rythme actuel de l’ancienneté sur lequel pourraient être imputées des réductions d’ancienneté proposées par le chef d’établissement aux « plus méritants » à la suite d’un entretien professionnel triennal. Or ces entretiens ne commenceraient qu’après le 1er janvier 2015 et rien n’est prévu dans la phase transitoire pour ceux qui pouvaient espérer une promotion au choix ou au grand choix au cours des trois prochaines années scolaires : le seul rythme d’avancement serait donc le plus défavorable pour tous dans cette période. Même si le système actuel de différenciation « au mérite » des carrières mérite de sévères critiques, cette réforme revient à une confiscation pure et simple d’une partie de nos rémunérations. Cela ne relève plus de la gestion, mais bien du gangstérisme pur et simple !
Négation de l’identité professionnelle
Au-delà de la confiscation d’une partie de nos rémunérations, cette réforme constituerait une négation pure et simple de notre identité professionnelle, fondée à la fois sur une discipline de formation universitaire et de recrutement et sur la relation pédagogique de l’enseignant avec la classe : sur ces deux aspects essentiels de nos métiers, le chef d’établissement n’a aucune qualité pour évaluer les enseignants : il est clair que ses éléments d’appréciation du « mérite » et ses propositions de « réduction d’ancienneté » relèveront d’autres critères : participation à un « Conseil pédagogique » aujourd’hui refusé, acceptation d’HS largement rejetées, renseignement du LPC, voire travaux gratuits, pour ne pas parler de ce que les collègues dans les établissements, informés de ces projets imminents, commencent à appeler « promotions Lewinsky » !
Agir dès aujourd’hui, avec force et détermination !
Face à cette nouvelle agression contre nos identités professionnelles, le SNES, en liaison avec le SNEP et le SNUEP a invité les autres organisations syndicales à une rencontre pour organiser la riposte [1]. Déterminée à agir, dans le cadre le plus unitaire possible, mais dans le seul cadre fédéral si c’est nécessaire, la section académique appelle l’ensemble des personnels à signer la pétition en ligne, à se réunir pour déterminer les interventions et actions spécifiques à développer localement et à participer massivement aux actions nationales qui seront programmées. L’exemple de la lutte menée en 2006/07 contre le décret Robien et la remise en cause des garanties du décret de mai 1950 (semble-t-il le prochain objectif de notre MEN) montre que seul le rapport de force établi par les personnels peut mettre en échec de telles volontés, y compris dans la perspective d’alternances politiques.