Lors de la mise en place de la réforme des lycées, le Président d’Auvergne Rhône Alpes a joué un coup politique en annonçant la gratuité des manuels. Il a beaucoup communiqué sur l’investissement de la Collectivité en faveur de la jeunesse : des panneaux publicitaires dans les rues jusqu’aux communiqués dans la presse régionale et aux pancartes dans les cantines, tout proclame le Président de Région roi de la générosité désintéressée : des friteuses aux manuels distribués, c’est Wauquiez !
Gratuité à géométrie variable
Mais à y regarder de près, cette générosité autoproclamée est à nuancer. Tout d’abord, la distribution des manuels s’avère problématique : dans beaucoup d’établissements, l’épidémie et le confinement ont rendu difficiles la restitution des manuels de première et leur redistribution, d’autant plus que la gestion en a été confiée aux fédérations de parents d’élèves qui n’ont pas la logistique adaptée. Cette sous-traitance aux associations ou le recours à des intérimaires payés par la Région étaient en soi contestables et montrent leurs limites. Les retards qui touchent Premières et Terminales, conjuguées avec des erreurs de commande, sont préjudiciables à une bonne rentrée pédagogique.
Pire, Laurent Wauquiez s’est montré très discret sur le cantonnement de la gratuité des manuels aux seules spécialités de Terminales, excluant les options en filière générale et technologique ainsi que les fichiers d’exercice dans les lycées professionnels. Or la majorité des élèves lésés se trouve en option Maths Complémentaires ou Maths Expertes, soit presque la moitié des effectifs de Terminales générales. Étonnamment, le Président a été d’une pudeur de rosière sur ce sujet...
Un clou chasse l’autre
De mauvais esprits pourraient croire que Laurent Wauquiez fait dans l’opportunisme politique. Le sujet du moment est la sécurité, sanitaire ou non. Oubliée la gratuité totale des manuels ! On a donc vu fleurir, sous le feu médiatique, les opérations de distribution de masques à la porte des établissements, au mépris du respect des gestes-barrières et de l’efficacité. L’installation des portiques et des tourniquets se poursuit, comme si le virus allait ne pas franchir les grilles de ces nouvelles forteresses. Et parce que Laurent Wauquiez est à la pointe de la modernité, trois lycées de la Région se sont vu imposer les caméras thermiques, expérimentées l’an dernier en Région parisienne et interdites par la CNIL. Pour parer à tout blâme, la Région n’enregistre donc aucune donnée médicale. On prend ainsi la température des élèves, sans personne ni pour constater un état fiévreux suspect ni pour assurer le suivi. L’essentiel est qu’on en parle !
Il est moins glamour de rénover les sanitaires et de fournir du savon ! Qu’importe si les budgets de fonctionnement fondent ! Qu’importe si tous les agents territoriaux croulent sous les tâches supplémentaires de désinfection, tandis que les arrêts de travail se multiplient : 9 au lycée des Catalins à Montélimar, suppléés par 3 contractuels !
Battre le fer quand il est chaud
Il faut donc très vite, dans chaque lycée, dénoncer ces situations en y associant les parents d’élèves : communiqués, motions et interpellation des élus sont nécessaires, d’autant plus que les élections régionales approchent. Résistons à cette « stratégie du choc » et à ce cynisme, exigeons des moyens matériels et humains ! Exigeons la prise en compte de tous les besoins de nos établissements laissés en déshérence par la disparition des chargés d’établissements et la désertion des élus en CA. La FSU régionale a pour sa part décidé d’interpeller la Région et de demander audience à son Président pour opposer la réalité des besoins à ses gesticulations médiatiques.
Ensemble faisons tomber les masques et dénonçons cette stratégie de la dissimulation !
Motions :