Bien que les réformes prennent l’eau de toutes parts, Blanquer maintient sa transformation de l’école en système éducatif concurrentiel, peu importe que ça ne marche pas, l’important est que son discours existe.
La réforme a profondément transformé l’école, elle détruit les collectifs de travail, que ce soit pour les personnels ou pour les élèves.
Désormais la relation contractuelle prime et ce modèle est décliné partout (recrutement de contractuels, PLE, auto évaluation des établissements… ). Il faut évaluer, monitorer, mesurer désormais jusqu’à nos notes de DM !
Cette conception très libérale de l’école diffusée par des ThinkTank comme l’Institut Montaigne ou Terra Nova est tout à fait en accord avec la politique du Président Macron qui aura laissé 5 années consécutives à son ministre de l’Éducation Nationale pour la mettre en œuvre. La méthode est toujours là même : on diffuse la question « comment sauver le bac ? » en instillant dans l’opinion que la situation est critique comme on l’a fait avec « comment sauver notre système de retraite ? » « comment sauver l’assurance chômage ? » et on pratique une bonne amputation du corps soi-disant malade, en se présentant comme le chirurgien sauveur !
Une conception libérale globalement acceptée ?
Peu d’opposants dans l’opinion à ces réformes « nécessaires », pas de clivage politique dans la classe politique des « grands » partis qui semblent avoir complètement intégré la performance individuelle, la sélection. Le SNES-FSU a présenté une motion au CSE pour un retour à des épreuves nationales seules à même de garantir l’égalité, même les syndicats UNSA et CFDT ainsi que la FCPE ont voté contre.
Pour Blanquer l’ennemi est intérieur, l’enseignant, décadent (il ne protège pas la civilisation occidentale), et qui privilégie le dialogue, l’esprit critique. Ce vieux serpent de mer de la droite est d’ailleurs repris dans le Figaro Magazine ces derniers jours.
Tout le monde se rend bien compte que cette réforme ne fonctionne pas
On assiste cependant à une multiplication des rapports sur le thème « comment sauver la réforme du lycée », les cadres du ministère, l’inspection générale, les rectorats et les IPR, les chefs d’établissement, les personnels, les élèves et leur famille, tout le monde se rend bien compte que cette réforme « reformée » 3 fois en 3 ans ne fonctionne pas. Mais il faut y aller, aller dans le mur quoiqu’il en coûte.
Le lycée est maintenant entièrement piloté par l’évaluation, et le contrôle continu a complètement dénaturé la relation pédagogique. Le PLE bureaucratise l’évaluation pour garantir le « sentiment » d’équité de traitement et pour mieux faire accepter la chimère d’un contrôle continu certificatif.
Les jeux sont faits
Mais ne soyons pas dupe, les jeux sont faits, les établissements vont continuer à vivre sur leur rente de situation et de réputation.
Les seules épreuves qui comptent vraiment sont les deux épreuves de spécialités de mars essentiellement conçues pour ParcoursSup, sur des programmes pas du tout adaptés à ce calendrier.