Le rectorat de Grenoble a bloqué les effectifs en première STMG sans préavis le 5 juillet. Des dizaines d’élèves se sont vues refusées cette orientation et ont dû « choisir » une autre filière en quelques heures.
5 Juillet 2022. A la veille des vacances, des dizaines d’élèves de seconde ont la très mauvaise surprise de se voir refuser leur admission en première STMG. Le désarroi est grand pour ces élèves qui avaient mûri leur projet d’orientation tout au long de l’année avec l’aide de leurs professeurs et des psychologues de l’Education Nationale, et dont l’orientation en première STMG avait été actée et validée lors des conseils de classe du 3e trimestre début juin.
La méthode est brutale et sans appel. Le rectorat refuse l’ouverture de classe de première STMG aux établissements. Les protestations des élèves, des familles, la mobilisation des collègues, nos interpellations n’y changeront rien. C’est une décision politique assumée par la rectrice qui souhaite mettre un terme à la constante augmentation de l’orientation en STMG. Les établissements n’auront aucun moyens supplémentaires pour l’ouverture de nouvelles classes de première STMG, seuls sont éventuellement donnés des moyens pour une 1re générale.
Quel mépris des élèves et du travail des personnels dans les établissements !
Un collègue témoigne « C’est tout le travail d’orientation des PP seconde, le dialogue et la confiance noués avec les familles toute l’année, qui sont jetés à la poubelle. On a des élèves en pleurs et des parents furieux... »
Ainsi plusieurs dizaines d’élèves dans plusieurs établissements de l’académie se sont vues plus que tardivement contraintes à une orientation par défaut en première générale.
D’après nos retours ce travail de gestion des flux pour se conformer à la politique du rectorat de Grenoble avait été anticipé dans d’autres établissements où dès la fin des conseils de classe le chef d’établissement avait convoqué de bons élèves qui avaient demandés STMG pour un intense travail de conviction à se réorienter vers la voie générale.
Trop bon pour une première STMG !
Ainsi donc pour la rectrice de Grenoble, la revalorisation de la voie technologique passe par le numerus clausus, mais avec une sélection inversée : les meilleurs éléments se voient empêchés d’y accéder, ils doivent poursuivre en première générale. Quelle revalorisation ! Il n’y a pas meilleure manière d’en faire au contraire un lieu de relégation.
Et quel signal pour les élèves de secondes : gageons qu’un certain nombre ne vont pas redoubler d’effort si leur objectif est la première STMG !
N’y aurait-il pas plutôt un lien avec les difficultés de recrutement des professeurs, notamment d’éco-gestion ?
La réforme Blanquer au forceps.
L’institution l’a claironné partout, le lycée Macron-Blanquer est LE lycée de la liberté de choix !
A tel point que l’on contraint désormais les élèves à la filière générale !
Elle devrait peut être s’interroger sur l’intérêt croissant des élèves pour les bacs STMG.
S’agirait-il au moins partiellement d’un désaveu pour le bac général, cœur de la réforme, et sa difficile lisibilité ? Pour l’exigence particulièrement élevée des programmes des enseignements de spécialité de cette voie générale ? Pour la plus grande incertitude qui règne lors de la sélection ParcoursSup pour les élèves les moins brillants de la voie générale, laissant des dizaines de milliers de bacheliers sur le carreau ?
Silence, on gère.
Mais dans l’administration de la « start-up nation » de Macron, on est efficace.
Les « gestionnaires » sont au pouvoir dans l’Education Nationale, ils relèvent le challenge de faire avec toujours moins, ils gèrent les flux et la sélection dans l’orientation est leur meilleur outil. Faute d’ouvertures, il faut bien remplir là où il reste des places.
Et aux élèves l’entière responsabilité de trouver la leur parmi une offre réduite …
A moins qu’ils ne se tournent vers le privé ?