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Les échanges entre syndiqués, les bilans de rentrée que nous avons eus au niveau académique font état de situations multiples quant à l’introduction du livret de compétences au collège et de l’introduction de l’épreuve d’histoire des arts pour l’obtention du DNB.
Les lignes qui vont suivre ont pour finalité de faire le point sur le livret de compétences et l’oral d’histoire des arts afin de permettre d’organiser et d’animer des réunions syndicales sur ces sujets et de s’opposer aux velléités de quelques chefs d’établissement voulant imposer leur choix, sans en mesurer les conséquences sur le travail des équipes pédagogiques, la réussite et la vie de nos élèves.
Le choix a été fait de recourir aux liens hypertextes afin de permettre à chacun de compléter ses informations et de trouver au plus vite les textes nécessaires.
Livret de connaissances et de compétences
Les questions à poser sur les livrets : l’article de l’US Mag de septembre 2009 « Ne rien se laisser imposer ! »
Le livret de connaissances et de compétences, mis en ligne sur le site Eduscol, ne répond pas aux questions qui se posent au collège. Les items, disparates (connaissances, capacités – souvent transversales –, voire comportements) et de niveaux variés, sont regroupés en domaines dont la validation serait très subjective. Ainsi les compétences 6 et 7 réduisent l’adolescent à un être rationnel et sincère, motivé et impliqué grâce à sa bonne volonté, apte à se soumettre à des normes. L’attestation ne précise pas où est placé le curseur, le niveau réellement requis de l’élève n’apparaissant au mieux que dans les « grilles de référence ». L’évaluation de l’éducation à l’orientation est particulièrement pernicieuse et dangereuse.
Les livrets expérimentés ont soulevé de fortes interrogations, voire un rejet important.
– À partir de combien d’items peut-on juger qu’un domaine est acquis ?
– Une compétence peut-elle être acquise une fois pour toutes ?
– Comment trancher lorsqu’elle se situe au carrefour de plusieurs disciplines ?
– Quelle articulation entre l’évaluation du socle et les notes chiffrées qui restent la seule référence pour les choix d’orientation ?
Le SNES n’a jamais eu de réponses à toutes ces questions qu’il pose depuis trois ans. En outre, la charge de travail pour valider les différents domaines va être considérable pour le professeur principal, chargé de faire la synthèse des items validés par chacun de ses collègues alors qu’aucun temps n’est prévu pour la concertation des équipes...
Le collège ne risque-t-il pas de devenir un lieu d’évaluation incessante au détriment de la construction des savoirs ? Quel sera le devenir des disciplines fortement marginalisées ? Certaines risquent d’être à terme transférées vers l’accompagnement éducatif (voir les pressions déjà exercées sur la chorale ou l’association sportive). Ce livret pourrait également légitimer l’éviction d’une partie des élèves dès lors que l’institution aura prouvé qu’elle leur a transmis un kit de base.
C’est bien parce que les interrogations et contradictions sont très fortes que le ministère n’a pu imposer sa généralisation en cette rentrée. L’arrêté du 9/07/09 ne prévoit donc la validation de la totalité du socle qu’à la session 2011 du brevet ; seuls le niveau A2 et le B2i, qui posent déjà des problèmes, restent exigibles pour 2010.
Il n’y a donc pas lieu de se laisser imposer l’utilisation de ce livret qu’aucun texte règlementaire ne généralise.
Le SNES persiste à contester la logique du socle et du livret de compétences, et exige que le ministère publie enfin un bilan des expérimentations réalisées. Il entend inscrire clairement la question du collège dans le cadre de sa campagne.
Monique Daune et Sandrine Charrier
L’arrêté du nouveau Brevet :
L’arrêté relatif au nouveau DNB a été publié au Journal officiel n° 31 du 27 août. Il maintient l’architecture actuelle du DNB (contrôle continu et épreuves terminales sous leurs formes actuelles) mais introduit, pour la session 2011, l’obligation d’attester la maîtrise de tout le socle commun et une épreuve orale d’histoire des arts, affectée du coefficient 2.
Pour la session 2010, seuls le B2i et le niveau A2 restent exigibles pour l’obtention du brevet. L’épreuve d’histoire des arts sera expérimentée, avec prise en compte des points au-dessus de 10 à titre transitoire pour les élèves qui choisiront de passer cet oral.
Voir l’arrêté : http://www.snes.edu/spip.php?article17520
Le livret, l’analyse du livret ainsi que celle du socle commun par le secteur Contenus du SNES : http://www.snes.edu/spip.php?rubrique403
Histoire des arts
Sur injonction du président de la République, un nouvel enseignement d’Histoire des arts, obligatoire pour tous les élèves depuis l’école primaire jusqu’au lycée, s’est mis en place à la rentrée, dans la plus grande précipitation, au collège et au lycée.
Cet enseignement est transversal et concerne donc toutes les disciplines. Au collège, les arts plastiques, l’éducation musicale et l’Histoire-géographie sont plus particulièrement sollicités, alors que le volume d’enseignement dans ces disciplines n’a pas été augmenté… Le ministère impose une épreuve au brevet dont la forme définitive n’est pas encore tranchée ; pour la session 2010, l’épreuve doit seulement être expérimentée sous forme d’option facultative.
Cette évaluation pose en effet de nombreux problèmes :
– Cette épreuve n’est pas cadrée. Il s’agit d’une évaluation « maison » puisque les élèves sont évalués par leurs enseignants : on s’éloigne encore un peu plus de la notion de diplôme national et le DNB est encore dévalorisé. L’introduction du niveau A2 en langues, ainsi que celle du B2I ont déjà montré les dangers des évaluations instaurées à la hâte et sans cadre national : disparités des modalités de validation entre collèges et inégalités des élèves, alors que l’oral d’Histoire des arts serait affecté d’un coefficient 2 à la session 2011 du DNB…
– Cet enseignement fait peser de nouvelles menaces sur l’identité même des disciplines artistiques : ces disciplines doivent consacrer à présent la moitié de leur enseignement à l’Histoire des arts, au détriment de la pratique artistique qui, elle, est transférée à l’accompagnement éducatif, et reléguée au « périscolaire ».
– Tous les programmes de 3e en vigueur n’intègrent pas encore explicitement cet enseignement d’Histoire des arts. En Histoire géographie, les nouveaux programmes de 3e ne seront en vigueur qu’à la rentrée 2012. Quel sera donc le contenu de cet enseignement, et a fortiori, de son évaluation ?
– Aucun horaire n’est formalisé dans les emplois du temps des élèves. Le temps d’enseignement est pris sur le temps de cours de l’ensemble des disciplines, en cohérence avec les volets « Histoire des arts » de leur programme. Comment les enseignants vont-ils pouvoir préparer les élèves à cette épreuve sur le temps de cours ? Comment pourront-ils, à terme, évaluer l’ensemble des élèves de 3e durant l’année et pendant les cours ?
Nous contestons donc la mise en place de cette épreuve d’Histoire des arts. L’enseignement n’est pas du « bricolage », l’évaluation de nos élèves est chose sérieuse. Ne bradons pas les diplômes, et exigeons du temps pour la mise en place des nouvelles épreuves, et un peu de respect pour le travail des collègues comme des élèves. Le SNES appelle les collègues à ne pas s’y engager en l’état.
La circulaire nationale de cadrage de l’épreuve en bref
Une grande autonomie est laissée aux établissements. Les modalités de l’évaluation "sont définies par l’équipe pédagogique" et "sont fonction du contexte de chaque établissement et des choix pédagogiques qui y sont exercés".
L’évaluation est organisée "dans le cadre de l’emploi du temps des élèves au sein d’une séquence pédagogique menée par un des professeurs associés à l’enseignement de l’histoire des arts". Elle prend la forme d’un entretien oral mené par un binôme de professeurs comportant au moins un professeur d’enseignement artistique ou d’histoire".
L’entretien oral peut concerner plusieurs élèves et porter sur tout objet d’étude abordé pendant l’année", "s’appuyer sur un ou plusieurs documents proposés par les examinateurs ou bien sur une réalisation personnelle ou collective effectuée en classe" (dossier, diaporama, DVD, dessins, schémas, expositions, création....)
L’avis du SNES sur ce "cadrage"
Il s’agit plutôt d’un texte de "non-cadrage". Le texte présente ces modalités comme si elles étaient définitives, et avec une disposition particulière pour la session 2010 (volontariat des élèves et points au-dessus de la moyenne pris en compte, comme pour une épreuve facultative), alors qu’il s’agit seulement d’une expérimentation. Le SNES ne peut accepter qu’une épreuve de brevet (même facultative) soit aussi peu définie et cadrée nationalement.
Au-delà, comment les enseignants vont-ils pouvoir préparer les élèves à cette épreuve sur le temps de cours ? Comment pourraient-ils, à terme, évaluer l’ensemble des élèves de troisième durant l’année et pendant les cours ? Tant que ces questions ne sont pas réglées par le débat et une véritable expérimentation, ce texte est inacceptable et inapplicable.
Le site national du SNES fait le point sur l’histoire des arts : documents officiels, analyse, etc. : http://www.snes.edu/spip.php?rubrique4750
La situation dans l’académie de Grenoble
A ce jour, l’expérimentation de l’épreuve se fait de manières disparates. Certains établissements ne le mettront d’ores et déjà pas en place.
Au niveau des instructions académiques, les IPR des différentes disciplines abordent la question avec un point commun :
Lettres de rentrée 2009 des IPR de l’académie de Grenoble :
Arts plastiques :
« L’histoire des arts
Le rapport aux œuvres est une composante historique de la discipline, primordiale pour enrichir la pratique des élèves. Depuis toujours, les programmes d’enseignement de "dessin et arts plastiques" puis d’"arts plastiques" comportent une part de culture artistique, appelée histoire de l’art puis œuvres de références dans les programmes du second degré.
L’enseignement de l’histoire des arts fait obligatoirement partie de celui des arts plastiques, de l’histoire et de l’éducation musicale et chant choral ; il est facultatif et conseillé dans celui des lettres, langues, EPS, etc. Il ne constitue jamais une discipline autonome : il s’appuie sur les méthodes d’enseignement de chacune des disciplines concernées. Ainsi est-il à mettre en œuvre en se référant aux informations et orientations des textes officiels à l’intérieur de chacune d’elles, avec la didactique qui lui est propre.
Il n’est donc nullement question de scinder en deux l’enseignement des arts plastiques. L’enseignement de l’histoire des arts, qui en fait partie intégrante, est donc associé et relié à la pratique. La nécessaire articulation entre les approches pratiques et culturelles est la constante indispensable pour donner du sens aux "objets de savoirs" travaillés en classe.
Il n’existe ni programme ni liste d’œuvres imposées. Une liste de six thématiques est proposée à toutes les disciplines : à chacune d’y opérer des choix.
Le professeur d’arts plastiques aborde dans chacune de ses classes une ou plusieurs des thématiques, "en interne" dans les cours d’arts plastiques, aussi souvent que possible en concertation avec une ou plusieurs disciplines, parfois en interdisciplinarité (différente de la transversalité), en particulier lors de moments forts comme des rencontres directes avec les œuvres.
Il procède avec les élèves à des arrêts sur image (image au sens large) un peu plus conséquents que, dans le passé, en 6e et cycle central par exemple. Dans ces moments, il convient de passer de la découverte, parfois rapide, des œuvres de références à une approche approfondie, en relation avec une des six thématiques de l’histoire des arts. Les élèves doivent pouvoir mémoriser le titre de certaines œuvres emblématiques, leurs caractéristiques et le nom de leur créateur, pouvoir connaître quelques aspects de leur contexte de création et comprendre certains de leurs enjeux.
Rappelons que le contact direct avec des œuvres et des artistes est irremplaçable et que les ressources artistiques et culturelles locales sont à exploiter en priorité tandis qu’en classe on utilise les ressources numériques pour montrer des reproductions. »
Histoire-Géographie :
« Comme le précise la circulaire de rentrée les professeurs d’histoire-géographie-éducation civique auront un rôle majeur pour l’enseignement de l’histoire des arts que ce soit au collège ou au lycée. C’est là un enjeu qui est à notre mesure. Dès cette année, les collègues des collèges seront invités à réfléchir, à titre expérimental et à hauteur de leur établissement, à la mise en place de l’évaluation de cet enseignement (1) dans le cadre du DNB ainsi que celle du socle commun. »
(1) Circulaire du 13 juillet 2009
L’enseignement de l’histoire des arts a été introduit à l’école à la rentrée 2008 et au collège à la rentrée 2009 (cf arrêté du 11 juillet 2008 publié au BO n°32 du 28 août 2008). Il a été décidé de l’évaluer dans le cadre du diplôme national du brevet : l’arrêté du 9 juillet 2009 publié au JO n°170 du 25 juillet 2009 instaure un oral d’histoire des arts comme composante de l’évaluation du diplôme national du brevet.
Inter-langues :
« Par ailleurs, l’enseignement de l’histoire des arts, introduit au collège cette année, fait l’objet d’un oral d’évaluation à titre d’expérimentation. Il est important que vous, professeurs de langues vivantes, vous impliquiez dans les projets interdisciplinaires mis en place dans vos établissements autour de ce nouvel enseignement qui donne toute sa part aux contenus culturels de notre discipline. »
Lettres :
« Histoire des Arts
Comme annoncé au cours de nos Journées de l’Inspection, l’enseignement de l’Histoire des
Arts se met en place cette année au Collège pour tous les niveaux. Par ailleurs il sera évalué de manière expérimentale en juin 2010 pour le DNB, avant de l’être de façon obligatoire en juin 2011.
Le préambule du B.O. n°32 du 28 août 2008, qui définit cet enseignement, en souligne l’ambition : « L’enseignement de l’Histoire des Arts est un enseignement de culture partagée. Il concerne tous les élèves. Il est porté par tous les enseignants. Il convoque tous les arts. »
Trois points nécessiteront une attention particulière cette année :
– l’enseignement de l’Histoire des Arts est par définition transdisciplinaire. Il conviendra donc de préparer collégialement dans chaque établissement un projet d’enseignement (selon les modalités précisées dans le B.O. cité ci-dessus) permettant à chaque élève de rencontrer des œuvres et des créateurs dans plusieurs disciplines. La nôtre y trouvera naturellement toute sa place.
– Il est également construit en concertation étroite avec des partenaires culturels, en cohérence avec le volet artistique et culturel des projets d’établissement. C’est dire qu’il sera nécessairement élaboré en adéquation avec l’environnement du collège et son potentiel artistique.
– L’évaluation de l’Histoire des Arts est précisée dans le B.O. n°31 du 27 août 2009 et dans une circulaire récente de la DGESCO envoyée dans tous les établissements. Elle prendra la forme d’un entretien oral de quinze minutes maximum, dont les modalités précises seront définies au sein de chaque établissement par l’équipe pédagogique, sous l’autorité du chef d’établissement.
Des journées de l’inspection dédiées à l’Histoire des Arts traiteront de ces questions. Vous trouverez toutes les aides nécessaires sur le site national Eduscol, ainsi que sur le site « Histoire des Arts » de l’académie. Vous pourrez également vous reporter avec profit aux nouveaux programmes de lettres publiés en août 2008, qui accordent une place significative à cet enseignement, et à la publication du SCEREN de juin 2009 (Les dossiers de l’ingénierie éducative n° 66. « Des outils pour l’Histoire des Arts »). »
Education musicale :
La lettre de rentrée n’est pas disponible sur le site académique.
Bilan
Le corps d’inspection de l’académie insiste sur le caractère expérimental de l’épreuve, renvoyant aux équipes le soin de mener cette évaluation (Lettres). En ce qui concerne les disciplines constitutives de la « culture humaniste » (arts plastiques, éducation musicale, histoire) qui sont en charge de l’évaluation de l’oral d’histoire des arts selon la circulaire du 13 juillet 2009, les indications sont plus nuancées.
Il n’est à aucun moment question d’une obligation, mais bien d’une expérimentation : « les collègues des collèges seront invités à réfléchir, à titre expérimental et à hauteur de leur établissement, à la mise en place de l’évaluation de cet enseignement dans le cadre du DNB ainsi que celle du socle commun. »