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Le moment du passage d’un millésime à un autre est traditionnellement celui des vœux, des bilans et des perspectives. La section académique de Grenoble du SNES présente à chacune et chacun d’entre vous ses meilleurs vœux pour la nouvelle année sur le plan personnel et familial, comme sur les plans professionnel, syndical et d’engagements civiques.
« Les luttes de classes en France »... et en Europe.
L’année 2010 a été marquée par un mouvement social dont nous avons déjà décrit, dans nos instances et nos publications « papier » ou électroniques, le caractère exceptionnel, en raison de son ampleur et de sa durée comme de son caractère unitaire. Au-delà du dossier « retraites », au cœur de l’actualité de la rentrée, ce mouvement a clairement exprimé le rejet de la société projetée par la classe dominante : « les jeunes dans la galère, les adultes précaires, les vieux dans la misère — on n’en veut pas de cette société-là ! »
Aucun économiste libéral, aucun porte-parole stipendié du capital, n’a répondu à ces deux questions essentielles : Pourquoi dans un pays de plus en plus riche [1] , la pauvreté croît, en intensité et en nombre de victimes, comme en témoignent les associations caritatives et militantes ? Comment avec une croissance inférieure à deux points, peut-on continuer à servir du 15 points aux rentiers et qui paie la différence ? Sauf à être démentis, risquons l’hypothèse qu’il existe un lien entre les deux questions. Les manifestations de l’automne ont clairement revendiqué un autre partage des richesses : salaires, emplois, services publics, protection sociale et retraites peuvent être améliorés, augmentés et financés si l’on cesse de privilégier les rentes des actionnaires et les revenus astronomiques d’une poignée de privilégiés.
La mise en évidence de la réalité de la lutte des classes est le principal phénomène de l’année écoulée. Si certaines de ses victimes avaient pu oublier ou nier cette réalité, la classe dominante ne l’a jamais oubliée : ces privilégiés, leurs représentants et leurs séides politiques, Parisot au MEDEF, Sarkozy à l’Elysée, Strauss-Kahn au FMI, les gouvernements par delà leurs différences affichées, comme la « Commission européenne », entendent faire payer aux peuples et aux travailleurs le maintien et l’expansion de leurs privilèges ainsi que la « crise » qui n’est due qu’à leur superbe et à leur âpreté au gain. C’est bien sous le signe de cette lutte des classes que le mouvement social de l’automne place l’année 2011.
Éducation et académie de Grenoble
Dans notre académie, les derniers mois de l’année ont été marqués par un double changement : Recteur en août et Secrétaire général en novembre. Depuis son arrivée, le Recteur a interdit aux organisations syndicales de tenir des tables lors de la journée d’accueil des stagiaires, contrairement à une pratique traditionnelle, antérieure même à l’existence des IUFM ; il a ensuite refusé au SNES de tenir une permanence lors d’une journée de regroupement de ces stagiaires ; il a encore refusé de recevoir une délégation de stagiaires dans une audience demandée par le SNES ; il s’est largement répandu dans la presse pour justifier la fermeture du lycée Emmanuel Mounier [2] et a qualifié ceux qui luttaient contre cette décision aberrante de malades mentaux ; il a spolié les élèves et les enseignants de Mounier du Munga [3] - eux qui étaient pourtant à l’origine de la tenue de cette initiative internationale à Grenoble - en le déplaçant à Europole ; alors qu’une médiation sur le dossier Mounier a été désignée par le Président de région suite à trois mois d’une lutte déterminée et exemplaire, le Recteur a tergiversé plusieurs jours avant de devoir recevoir les médiateurs ; nous ignorons à ce jour les conclusions des médiateurs, mais en communiquant aux établissements les éléments de préparation de la rentrée 2011 entérinant la disparition des secondes et des BTS, il entend préserver l’aubaine que constitue pour lui la disparition d’un lycée grenoblois, confirmation éclatante s’il en était besoin que la question de la sécurité des bâtiments n’était pour les services du rectorat qu’un prétexte grossier.
Nul doute que ce Recteur novice cherche à mériter la prime de fin d’année offerte par le ministre à ses hauts fonctionnaires, l’équivalent du traitement annuel d’un fonctionnaire de catégorie A, certifié ou attaché, en fin de carrière ! Une attitude qui laisse mal augurer de la qualité du « dialogue social » dans les mois à venir !
Une attitude qui implique également que chacun se sente concerné lors des actions que nous serons amenés à développer dès les prochaines semaines, que ce soit à l’occasion de rendez-vous académiques, CTPA ou CAEN, ou de la journée nationale pour l’école, le 22 janvier prochain, à l’appel d’un collectif unitaire de 25 organisations, syndicales, associatives ou de parents d’élèves.
C’est en effet au cours du mois de janvier que vont être prises les décisions de préparation de la rentrée 2011, avec son cortège de nouvelles suppressions de postes. Dans l’académie, le premier degré (- 40 emplois malgré des effectifs prévus en hausse) et les emplois administratifs (- 15 emplois en dépit de la sous-dotation chronique d’une académie au dernier rang dans ce domaine) seront les premiers contributeurs à la poursuite de la politique de destruction des services publics et institutions républicaines ; pour autant le second degré n’est pas épargné : malgré une hausse des effectifs évaluée à 2,11 %, aucun moyen supplémentaire n’est attribué, ni en moyens d’enseignement ni en emplois d’orientation, d’éducation, de vie scolaire, d’encadrement sanitaire, médical ou social, malgré la faiblesse de cet encadrement. La réforme des Premières de lycée, avec la chasse aux minorations de première chaire et la limitation arbitraire à 20% des élèves des moyens pour les options facultatives, ainsi que la poursuite du démantèlement de la voie technologique traduisent un véritable renoncement aux ambitions éducatives pour toute la jeunesse, mais sont les moyens de libérer les postes rendus nécessaires par la hausse de effectifs et par l’obligation de désormais comptabiliser la totalité des emplois précaires dans le plafond académique, ce qui réduit de fait le volume d’emplois de fonctionnaires titulaires.
Dans ce contexte, on comprend tout l’intérêt pour le rectorat de programmer la disparition du lycée Mounier : un lycée de moins sur l’agglomération permet à coup sûr des économies d’échelles et de masquer la disparition de la spécificité technologique d’autres établissements grenoblois, dont les directions semblent avoir la vue bien courte pour soutenir une telle décision. Le refus du dépeçage de Mounier est aussi un enjeu des prochaines semaines.
Renforcer le SNES et affirmer la représentativité de la FSU pour être efficaces.
Le rapport de force que nous saurons créer par nos actions et mobilisations dès les prochaines semaines sera déterminant pour exiger d’autres conditions de préparation de la rentrée, un moratoire sur les nouvelles Premières et des moyens à la hauteur des besoins et d’une véritable ambition pour la jeunesse. Dans ce rapport de force, le poids et l’efficacité de l’outil syndical dépend d’abord de sa capacité à rassembler et unir l’ensemble des travailleurs de son champ de responsabilité : la première forme de résistance et d’action est d’adhérer au SNES, la seconde de constituer dans son établissement une section syndicale active, susceptible de rassembler encore plus largement pour agir plus efficacement. Le SNES n’existe pas en dehors de ceux qui le constituent, le SNES c’est nous tous.
2011 sera aussi une année de mesure précise de la représentativité syndicale, avec à l’automne prochain des élections professionnelles très différentes, dans leur nature et leurs modalités, des précédentes. Là encore, l’expression des personnels en faveur des listes et candidats présentés par le SNES et les autres syndicats de la FSU, principales forces de résistance dans le secteur de l’Education, sera un élément essentiel du rapport de forces à établir pour refuser les orientations actuelles de la politique éducative et exiger d’autres choix et d’autres ambitions pour la jeunesse.